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À propos de Généalogie Léger

À l’origine de ce projet, il y a un livre : Supplément à la vie de Barbara Loden de Nathalie Léger (éditions P.O.L). L’autrice – engagée pour écrire une notice sur Barbara Loden et son film Wanda – raconte son impossible quête pour circonscrire son sujet. Est-ce l’actrice Loden, le personnage Wanda, la langue de Léger ou le procédé d’enquête qui trouble les deux femmes de théâtre au point de ne plus pouvoir se séparer de ce livre ? Manon Krüttli et Céline Nidegger, ont accepté de répondre à nos questions autour de ce Projet Léger qu’elles déploieront au Grütli sur cette saison 20-22.

Qu’est ce que Le Projet Léger ?

Le Projet Léger c’est un processus de recherche
que nous menons sur 2 ans qui a pour origine notre attachement au petit livre de Nathalie Léger : Supplément à la vie de Barbara Loden. Deux objets scéniques singuliers seront présentés au long de cette recherche. Nous montrerons tout d’abord Généalogie Léger. Performance minimaliste, celle-ci repose sur l’archéologie du livre de Léger et se veut comme le recto du projet. En automne 2021 nous présenterons Miss None. Cette pièce de théâtre originale commandée à l’auteur Guillaume Poix constitue quant à elle le verso du Projet Léger. Alors que la Généalogie a comme point de départ le livre de Nathalie Léger, Miss None s’en distanciera pour créer une variation sur le même thème.

Quelles réflexions vous ont menées à une construction en deux temps dans le processus de création ?

En réalité, la création de ces deux objets scéniques singuliers ne constitue pas le point de départ de notre réflexion ; elle en est le résultat. Au coeur de notre processus de travail, il y a d’abord une envie : (se) prendre le temps. C’est ce à quoi nous invite Nathalie Léger lorsqu’elle raconte ses errances et ses dérives (réponses à son impossibilité à circonscrire son sujet) et c’est cette pratique que nous voulons éprouver avec Le Projet Léger. Puis, au coeur du processus de création, il y a aussi un constat : chaque projet contient en son coeur des dizaines de spectacles qu’on laisse en chemin. C’est donc suite à ces réflexions que nous avons commencé à imaginer un temps de travail qui se déploie sur 2 saisons et qui permette la création de 2 objets prenant naissance dans un même matériau mais se construisant à la suite l’un de l’autre.

Les récents événements que nous venons de vivre vous ont-ils facilité la tâche dans l’approche du sujet ?

À vrai dire, ces deux mois n’ont pas créé un terrain particulièrement fertile pour le projet. Alors même que nous venions d’entamer la collaboration avec Dorothée Thébert-Filliger et Jonas Bühler, nous nous sommes retrouvées chacunes chez soi, aux prises avec cette situation exceptionnelle et dans l’impossibilité de mener à bien notre travail tel que nous l’avions imaginé. C’est la reprise qui a constitué un moment particulièrement intéressant. Comment affirmer joyeusement la nécessité de prendre du temps alors que nous pourrions considérer en avoir perdu et qu’il faudrait le rattraper ? Cela a été un vrai défi de ne pas retomber dans des schémas de travail habituels et de nous autoriser à laisser les choses en suspension plutôt que de vouloir les résoudre.

Comment avez-vous entrepris l’ensemble des fouilles menées autour de Généalogie Léger ?

Nous avons commencé par établir ce que nous appelons la carte du territoire Léger. Elle contient tout le tissu référentiel qui apparaît dans le livre Supplément à la vie de Barbara Loden : personnes réelles, personnages de fiction, films, livres, oeuvres picturales citées, lieux évoqués et temps traversés. C’est à partir de cette mise à plat concrète du livre que nous avons commencé à tracer des itinéraires poétiques. Nous nous déplacions donc à l’intérieur de ce territoire comme si nous découvrions une ville inconnue, s’arrêtant au gré de nos envies, de nos subjectivités, marchant ensemble ou séparément. Nous nous sommes beaucoup intéressées à ce qu’il y a ENTRE.
Comment ce qu’il y a entre deux stations, deux références, deux prénoms, permet l’émergence du « pas encore connu », du « pas encore pensé ». Nous avons tenté d’explorer les détours et les marges. Suite aux premières semaines de travail, nous avons pu commencer à élaborer une carte plus intime, liée par associations d’idées au livre de Léger mais s’en distançant également. Cette nouvelle carte est volontairement kaléidoscopique et contient notamment des références littéraires, des dialogues de films, des protocoles d’expériences de chimie. C’est à partir de cette nouvelle carte que nous écrivons la Généalogie.

Dorothée Thébert Filliger et Jonas Bühler vous ont rejointes sur ce projet, quels seront leurs rôles ?

Nous avons commencé par établir ce que nous appelons la carte du territoire Léger. Elle contient tout le tissu référentiel qui apparaît dans le livre Supplément à la vie de Barbara Loden : personnes réelles, personnages de fiction, films, livres, oeuvres picturales citées, lieux évoqués et temps traversés. C’est à partir de cette mise à plat concrète du livre que nous avons commencé à tracer des itinéraires poétiques. Nous nous déplacions donc à l’intérieur de ce territoire comme si nous découvrions une ville inconnue, s’arrêtant au gré de nos envies, de nos subjectivités, marchant ensemble ou séparément. Nous nous sommes beaucoup intéressées à ce qu’il y a ENTRE. Comment ce qu’il y a entre deux stations, deux références, deux prénoms, permet l’émergence du « pas encore connu », du « pas encore pensé ». Nous avons tenté d’explorer les détours et les marges. Suite aux premières semaines de travail, nous avons pu commencer à élaborer une carte plus intime, liée par associations d’idées au livre de Léger mais s’en distançant également. Cette nouvelle carte est volontairement kaléidoscopique et contient notamment des références littéraires, des dialogues de films, des protocoles d’expériences de chimie. C’est à partir de cette nouvelle carte que nous écrivons la Généalogie.

Y aura-t-il un fil narratif reliant les deux formes proposées dans Le Projet Léger ?

Pas véritablement. Guillaume Poix jouit d’une liberté totale pour l’écriture de Miss None. La seule injonction que nous lui avons donnée est d’écrire une pièce sur quelqu’un, au même titre que Marguerite Duras dit du film Wanda que c’est un film sur quelqu’un. Cependant, nous travaillons à partir du même terreau, il y aura donc nécessairement des coïncidences.

Nathalie Léger évoque que lorsque l’on écrit, nous sommes dans la « construction » telle une sculptrice et non pas dans l’émotion, l’émotion vient après, grâce aux lectrices. Pensez-vous la même chose, l’émotion viendra grâce au public ?

Il est certain que celle ou celui qui reçoit un objet artistique le complète également ! Quant à la tension entre construction et émotion, nous la vérifions tous les jours avec le livre de Léger. Nous nous sommes amusées à « désosser » Supplément à la vie… et c’est d’abord sa construction cartésienne qui saute aux yeux ; cela ressemble à un séquençage plan par plan. Pourtant, c’est quelque chose d’une autre nature qui nous attache à l’oeuvre de Léger. Quelque chose d’immatériel, presque une grâce… Peut-être l’émotion qu’évoque l’autrice dans l’extrait que tu cites.

Souhaitez vous partager quelque chose d’autre ?

Il y a cette chose que nous aimons raconter… De façon amusante, un des noeuds centraux de notre réflexion ne se situe pas dans le livre de Nathalie Léger, mais à sa marge. Il s’agit de la citation en exergue tirée du film Détective de Jean-Luc Godard. Elle dit à peu près ceci : « Et ça c’est trop transparent ou pas assez ? – « Ça dépend si vous voulez la vérité. – C’est comment la vérité ? – C’est entre apparaître et disparaître. » En réalité, c’est cela que nous cherchons avec la Généalogie. Une chose « juste pas encore apparue » ou « juste pas encore effacée » dans laquelle le « juste pas encore » est essentiel.

Propos recueillis par Esther Jochmans