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Extraits de l’article de Mélanie Honegger, paru le 2.3.22 dans la Basler Zeitung (à propos de 2020 : Obscene)

Une soirée que nous n’oublierons jamais: c’est ce que doit être cette soirée de danse, dit en ricanant l’homme à moitié nu sur la scène. Le performeur Sotiris Vasiliou se moque de l’artiste, qui a présenté sa nouvelle œuvre 2020: Obscene à la Kaserne de Bâle. La majorité d’entre vous ne connaît pas ses pièces, soyons honnêtes, poursuit le danseur. Alexandra, nous te supplions d’arrêter immédiatement.

Cette courte scène est exemplaire pour la chorégraphe Alexandra Bachzetsis, dont les travaux ont déjà été invités au Museum of Modern Art de New York ou à la Tate Modern de Londres. L’autodérision et l’humour sont impor­ tantes pour elle et sont particulièrement bien mises en valeur dans cette nouvelle pièce.

Alexandra Bachzetsis n’a pas choisi un contenu facile. Sa performance, qui se situe comme la plupart de ses travaux entre l’installation artistique et la danse, traite de la sexualité et de la mort. Et ce parfois de manière extrêmement explicite: peau nue, mouvements sensuels, jouets sexuels et projections vidéo.

L’effet est tantôt obscène, tantôt répugnant: une provocation délibérée de la Zurichoise. Elle a essayé de déterminer ce qui relève du voyeurisme et de l’exhibitionnisme, dit­elle, et fournit immédiatement la réponse: Pour moi, l’obscénité consiste à observer les autres dans leur intimité.

Et c’est ainsi que la chorégraphe expose sans ménagement le public à l’in­ timité des quatre interprètes, y compris elle­même. Contrairement à ce qui se passe dans un musée, le public du théâtre peut se distancier de tout dans l’obscurité, explique Alexandra Bachzetsis. Je trouve cela trop simple. Je veux que les gens se confrontent à eux-mêmes.

De la scène au centre d’art

Cette soirée n’est donc pas confortable, mais en revanche, ou justement pour cette raison, elle procure un grand plaisir. L’art de la chorégraphe réside dans l’utilisation habile d’un langage visuel frappant. Si certaines scènes peuvent paraître grossières au premier abord, la mise en scène les dissout aussi rapidement, passant de l’autosatisfaction publique à la peur que peut générer le caractère éphémère de la jeunesse.

L’artiste accompagne le tout d’une scénographie qui, avec ses couleurs vives, crée un effet visuel propre que l’on voit rarement au théâtre. C’est sans doute pour cette raison que le travail de l’artiste est régulièrement exposé dans les musées.

La folie de la beauté poussée à l’extrême

La société observe une tendance extrême à la mise en scène de soi, dit Alexandra Bachzetsis. Une tendance qui s’est renforcée avec la pandémie. Je voulais pousser au maximum l’obsession de la beauté et le culte du corps de notre époque, explique l’artiste, qui travaille avec des archétypes à connotation sexuelle.

La mode, dernier élément de ce dispositif coloré, est donc essentielle: une fois ce sont les cheveux longs, une autre fois les talons hauts ou le look d’écolière avec une minijupe et un chemisier moulant.

Il en résulte un mélange joyeux d’art, d’humour, de mode, de musique et de sexe. N’ayez crainte: la lumière dans le public reste éteinte. Personne ne verra le rouge de la honte, c’est promis.