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Kiffe ta race au Grütli !

Le samedi 17 septembre à 14h, vous pourrez assister à l’enregistrement
d’un épisode du podcast Kiffe ta race en public.
Entrée Libre / sans réservation

www.binge.audio/podcast/kiffetarace


Pour établir la programmation d’une saison, les éléments se mettent en place peu à peu. Il y a les découvertes, les collaborations au long cours, les hasards.

C’est un exercice de haute voltige avec les impondérables de nombreux agendas et des finances ! Puis tout à coup ça y est, on peut boucler la programmation.

Pour 2022, une fois la saison posée, nous nous sommes aperçues que la période d’août à décembre mettait à l’honneur le travail de personnes racisées. Kayije Kagame, Cédric Djedje et Tidiani N’Diaye sont avant tout des artistes dont nous apprécions le travail. Mais ce sont aussi des personnes non-blanches.

En parallèle, nous avons découvert et adoré le podcast Kiffe ta race diffusé sur Binge Audio et animé par Rokhaya Diallo et Grace Ly. Les thématiques traitées dans ce podcast sont variées, instructives, nourrissantes, précieuses ! Elles nous importent, résonnent en nous, nous font comprendre ou connaître des réalités.

Donc au moment de réfléchir à un événement pour thématiser notre deuxième partie de saison, on s’est prises à imaginer que ces deux journalistes féministes formidables pourrait venir enregistrer un Kiffe ta race ici au Grütli. Elles ont dit oui !

L’équipe de créatrices de Vielleicht était l’autre composante évidente de cette équation : c’est le spectacle de la saison qui parle précisément de colonisation et ses répercussions sur l’espace urbain. Autour de la table, il y aura donc Rokhaya Diallo et Grace Ly en conversation avec plusieurs artistes noires travaillant en Suisse parmi lesquelles Noémi Michel, Safi Martin Yé et Cédric Djedje.

Rokhaya Diallo et Grace Ly font le voyage pour évoquer la question des artistes noires en Suisse. La situation en France et en Suisse sont-elles si différentes ?

Voici un peu de contexte rappelé par Noémi Michel, activiste féministe noire genevoise :

En juin 2020, en pleine pandémie, à la suite de
la médiatisation d’une série d’assassinats
de personnes noires par la police américaine,
le mouvement de lutte pour les vies noires,
initié en 2013 et connu sous le nom de Black Lives Matter, se ré-intensifie. Des manifestations rassemblent des milliers de personnes venant demander la justice pour ces morts injustes. Parmi d’autres, sont scandés les noms de George Floyd, Breonna Taylor, Tony McDade, Ahmaud Arbery aux États-Unis, Adama Traoré et Lamine Dieng en France, Mike Ben Peter, Lamine Fatty, Hervé Bondembe Mandundu en Suisse.

De nombreuses institutions culturelles affichent alors leur soutien en publiant un carré noir sur les réseaux sociaux.

Un mouvement se crée en Suisse, toutes régions linguistiques confondues, le Black artists and cultural workers in Switzerland. Ce groupe d’artistes noires adresse une lettre le 9 juin 2020 à toutes les institutions culturelles suisses ayant posté ce fameux carré noir pour leur demander en quoi elles s’engagent dans le concret. Nous publions ici cette lettre à laquelle le Grütli apporte ses réponses en tant qu’institution culturelle.

Un an plus tard, le 9 juin 2021, faute de réactions et de réponses suffisantes (seules 3 institutions sur 76 ont partagé publiquement leurs réponses à la lettre), une nouvelle lettre a été envoyée.

Rokhaya Diallo et Grace Ly s’emparent de cette thématique pour cet enregistrement de Kiffe ta race au Grütli.


Suisse, 9 juin 2020
Comment allez-vous soutenir activement les artistes et les travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs à l’avenir ?
Comment comptez-vous activement démanteler la suprématie blanche et les discriminations raciales qui régissent votre structure ?

Chers institutions culturelles, musées, espaces d’art, galeries et espaces indépendants en Suisse,

Suite aux meurtres violents commis par la police contre Breonna Taylor, Tony McDade, George Floyd, Ahmaud Arbery et David McAtee au cours des dernières semaines aux États-Unis, nous avons observé une vague d’indignation dans le monde entier.

Mardi dernier, de nombreuses institutions et personnes ont décidé de publier sur les réseaux sociaux des carrés noirs, ou autres contenus comparable et démonstratifs de vertu, pour témoigner
de leur solidarité. Afin que le carré noir ne devienne pas un geste d’activisme performatif, nous aime- rions vous inviter à vous engager davantage dans la lutte contre le racisme et à renforcer les liens entre les artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs et les espaces d’art ici en Suisse.

Bien qu’il s’agisse d’une réponse aux violences policières et, plus largement, au racisme envers les personnes Noires aux États-Unis, la suprématie blanche est un problème global qui concerne égale- ment la Suisse. Au cours des dernières années, au moins trois hommes noirs ont été tués par la police à Lausanne et à Bex : Mike Ben Peter, Lamine Fatty et Hervé Mandundu. Aucun de leurs meurtriers n’a été condamné et, par conséquent, aucune justice n’a été rendue pour ces hommes ou leurs familles.
Il faut également mettre en évidence le fait que de nombreuses agressions de la police résultant du profilage racial se terminent rarement par une inculpation des policiers·x·ères. Les cas les plus marquants sont ceux de Mohamed Wa Baile et Wilson A.

Alors que ces exemples illustrent l’une des formes les plus extrêmes du racisme, nous devons reconnaître que le racisme anti-Noires·x·rs est un dérivé direct de la suprématie blanche: un système oppressif de valeurs et un ensemble de pratiques discriminatoires qui sont inhérents à toutes les structures des pays occidentaux.

En tant qu’artistes et travailleuses·x·eurs cultu- relles·x·els Noires·x·rs active·x·tifs en Suisse, beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience du racisme et des discriminations tout au long de notre carrière de la part d’institutions et d’organisations artistiques de différentes tailles.

Lorsque nous avons dénoncé ces discriminations, beaucoup d’entre nous ont subi des menaces et/ou des intimidations en guise de réponse. Plusieurs d’entre nous ont vu leur réputation professionnelle endommagée. Nous sommes consternées·x·és de constater que ces violentes confrontations n’ont pas diminué alors que la diversité est devenue, ces dernières années, un concept et une posture incontournable dans le monde international de l’art et de la culture.

Qu’il s’agisse des forces de police ou des musées d’art, il semble n’y avoir aucune limite à l’étendue et l’ampleur du racisme dans nos sociétés. C’est pourquoi nous ressentons une grande frustration et un accablement en observant ces mêmes organisations aujourd’hui afficher une posture anti-raciste sur les réseaux sociaux.

Nous supposons qu’en publiant un carré noir ou un contenu comparable, vous vouliez signifier que votre institution condamne les pratiques racistes. Nous vous interpellons donc sur ce point: Nous vous demandons maintenant de prendre vos responsabilités, de passer à l’action, et ceci au-delà de la vitrine des réseaux sociaux, de mettre en pratique des changements concrets et significatifs, ainsi que de vous engager d’une manière exemplaire dans la lutte contre le racisme dans les milieux artistiques et culturels en Suisse.


En publiant la lettre de Black Artists in Switzerland, nous nous sommes aussi engagées à répondre aux questions. En préambule, nous souhaitions compléter nos réponses un peu « formelles » par une réflexion plus globale en rapport avec ces problématiques.

Les questions soulevées par ce courrier ont l’énorme mérite de nous confronter clairement à la situation, d’aller plus loin que de donner des réponses binaires ; en outre, elles nous incitent à orienter de possibles actions, à y réfléchir, mieux et de manière plus approfondie. Ce sont des questions qui nous responsabilisent, elles placent notre pensée au cœur de la problématique et nous poussent à ne pas l’ignorer ou la minimiser. Non pas que nous la minimisions auparavant, ni que nous l’ignorions, mais, soyons franches, ces questions ne se sont réellement imposées à nous que grâce aux artistes programmées cet automne et à l’envie qu’elles ont fait naître d’aborder ce sujet de front, de ne pas l’éviter.

Programmation, engagement avec les artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs* (Dans toutes ces questions, nous nous référons principalement aux artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs basées·x·és ou actives·x·fs en Suisse. Dans un deuxième temps,
vous pourriez vous poser la même série de questions concernant les artistes Noires·x·rs d’autres pays.) :

  1. Combien d’artistes Noires·x·rs sont représentés dans vos programmes, collections, galeries, résidences, prix et bourses?
    En 2022 : un total d’environ 14 En 2023 : un total d’environ 8
    Nous n’avons pas encore la programmation totale de 2023 ainsi que la composition de toutes les équipes, ce dernier chiffre peut encore bouger.
  2. Combien d’artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs invitez-vous à participer à des projets sur des thématiques qui ne sont pas centrées sur la suprématie blanche, le racisme, la politique identitaire ou autres sujets portant sur la Blackness?
    Lorsque nous rencontrons des artistes, c’est la rencontre, humaine et artistique qui nous décide à choisir ou non le projet. Si le sujet traité a à voir avec des thématiques racistes ou la politique identitaire et qu’en plus il est porté par les personnes directement concernées, c’est encore mieux ! Mais le projet peut porter sur un tout autre sujet, qui n’est pas lié avec ces questions. Ceci pour dire que le fait que la personne qui porte le projet soit afro-descendante par exemple, n’est pas une question que nous voulons éviter ou évacuer, si elle veut en parler ou pas, c’est son choix. Ce qui nous motive, c’est un faisceau de choses : la rencontre, le parcours artistique, la thématique, la sympathie, l’envie de travailler ensemble. Nous ne forcerons jamais une artiste noire à traiter le sujet du racisme par exemple parce que justement elle est noire. Toutes les artistes qui viennent ici on le choix de leur sujet, de leur forme.
  3. Rémunérez-vous toutes·x·s les artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs invitées·x·és dans vos programmes? Leur travail est-il rémunéré à un niveau égal à celui de leurs homologues blanches·x·cs?
    La question de la rémunération des artistes est centrale dans notre projet ici au Grütli et nous tenons fermement à ce que toutes les artistes soient rémunérées de la même manière, sans distinctions.
  4. Bénéficiez-vous du travail gratuit des artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs sous la forme de recommandations de programmation, de formation, ou de consultation? Quelles formes de compensation avez-vous envisagées ?
    Encore une fois, toutes les personnes engagées par le Grütli sont rémunérées, d’autant plus si nous faisons appel à des expertes liées aux différentes problématiques soulevées.

Staff, organisation et gouvernance :

  1. Combien de personnes Noires sont employées dans votre institution? Combien d’entre elles ont un poste de curatrices·x·eurs, un poste décisionnel important, ou prennent part aux comités de sélection au sein de votre structure? Combien d’entre elles sont employées avec un contrat à durée indéterminée?
    Nous avons employé pendant quelque mois une personne noire à la billetterie du théâtre ; malheureusement, cette personne nous a quittée car elle a déménagé dans un autre Canton. À la buvette, c’est une personne noire qui occupe le poste d’auxiliaire de bar. Mais non, en effet, aucune personne noire n’occupe à un poste décisionnel.
  2. Quelles sont les opinions politiques des membres de vos conseils d’administration, comités, jurys ou autres organes de direction ? Ces personnes sont-elles sensibles aux réalités vécues par les artistes et les travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs ? Combien d’entre elles sont noires ?
    Aucune d’entre elles n’est noire, en effet. Toutes les personnes qui travaillent dans l’équipe ainsi que celles faisant partie du comité de l’association sont des personnes qui sont sensibles à ces questions, nous les avons choisies parce qu’elles sont tolérantes, ouvertes. Nous sommes néanmoins conscientes que le racisme structurel existe et que nous pourrions toutes, un jour ou l’autre, être irrespectueuses, racistes, intolérantes. Les effets de la programmation notamment se font et se feront sentir auprès de toutes les personnes de l’équipe. Elles sont toutes conscientes et sensibilisées aux réalités vécues par les artistes noires car nous en parlons souvent et l’enregistrement du podcast Kiffe ta race liées à ces questions nous les rendra encore plus tangibles.
  3. Votre charte éthique vous impose-t-elle de ne pas accepter de financement de mécènes privés ou d’organisations qui ont recours à des pratiques coloniales, racistes et suprémacistes, ou qui causent un préjudice direct ou indirect aux popu- lations noires?
    Nous n’avons pas une telle charte, par écrit. Mais nous l’avons dans nos têtes et dans nos cœurs ! Jamais nous ne demanderons de soutien auprès de mécènes ou d’organisations qui ont eu ou ont recours à de telles pratiques. Le 90 % de notre financement provient de subventions publiques, de la Ville de Genève principalement.
  4. Comment vous assurez-vous que les employées·x·és, artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs disposent d’un espace safe pour exprimer les discriminations vécues au sein de votre structure ? Comment avez-vous soutenu activement et vocalement une personne ayant subi des discriminations ?
    Nous n’avons jamais eu besoin jusqu’à présent de devoir soutenir activement une personne ayant subi des discriminations pour des questions raciales, dans le cadre de notre travail ici au Grütli.
    Nous faisons en sorte que toutes les personnes travaillant ici, sur les plateaux, dans les bureaux ou à la technique se sentent dans un espace safe en mettant en place une charte qui est affichée partout et distribuée aussi ; cette charte indique clairement les actions que nous ménerons si des comportements inadéquats devaient avoir lieu dans ces murs. Par comportements inadéquats, nous voulons parler de discriminations liées à la race, au genre, à la religion, aux opinions, mais aussi de comportements qui ont trait au harcèlement sexuel, au mobbing, à la mise à l’écart de quelqu’un dans le cadre du travail. Pour nous, c’est tolérance zéro et si nous venions à connaissance de tels agissements, nous prendrions immédiatement les mesures nécessaires.
  5. Avez-vous déjà été interpellé pour un acte relevant du racisme ? Quelles sont les mesures en place pour permettre à la personne qui vous interpelle de se sentir en sécurité ? Comment avez-vous traité publiquement ces plaintes et comment les avez-vous archivées ? Quelles formes de répara- tion avez-vous proposées ?
    Non, nous n’avons jamais été interpellées pour un acte relevant du racisme. Encore une fois, la charte citée plus haut donne clairement toutes les indications pour pouvoir réagir face à de tels agissements ; soit nous en avons connaissance et nous agissons, soit les personnes ont la possibilité de se mettre en contact avec une personne de confiance, sous couvert d’anonymat si elle le souhaite et cette personne de confiance est payée par Le Grütli.

Avec ces questions comme lignes directrices pour l’instauration d’un changement durable au sein de votre structure, nous vous encourageons à partager vos réponses publiquement comme un exemple de bonne pratique et de transparence avec vos publics, à fixer des objectifs pour améliorer votre fonctionnement, ainsi qu’à évaluer régulièrement votre engagement en tant qu’organisation ouvertement et fondamentalement anti-raciste.

Le racisme anti-Noires·x·rs n’est qu’une des manifestations oppressives et discriminatoires de la suprématie blanche. La xénophobie et le racisme contre les personnes racisées non-noires en font également partie. Bien que notre lettre se concentre sur les questions liées au racisme anti-Noires·x·rs, nous vous demandons que des mesures similaires soient mises en place pour lutter contre les discriminations à l’encontre de toutes les personnes qui souffrent de la suprématie blanche.

Nous vous encourageons également à considérer les intersections de la suprématie blanche avec le validisme, le sexisme, le classisme, l’homophobie et la transphobie, ainsi qu’à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les milieux artistiques et culturels en Suisse puissent devenir durablement plus divers et plus inclusifs, au-delà de tout signe ou message démonstratif de vertu.