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L’Esquisse, au-delà des mots

C’est en 1995 que je découvre le travail de l’Esquisse au Théâtre Saint-Gervais ; choisi pour faire partie du projet de La Maison des Compagnies, l’Esquisse y a créé plusieurs spectacles.

Il m’en reste des sensations fortes, des images belles et surtout une rencontre avec une manière d’aborder la scène et le théâtre que je ne connaissais pas. Je me souviens que sur le plateau se déployaient des personnes extra-ordinaires qui dansaient, s’exprimaient presque sans parler, faisant jaillir poésie et douceur ; et tout cela faisait théâtre, autrement, dans l’instant vécu et ressenti, un peu décalé, un peu ailleurs mais éminemment présentes.

Ces personnes extra-ordinaires sont, comme on dit, des personnes en situation de handicap ; et ce qui fait leur extraordinaireté, c’est leur être au plateau, leur présence, leur relation particulière à la scène, aux gestes et leur manière si différente de nous raconter une histoire. Cela passe surtout par le corps et par les images, le récit naissant de cela, avec peu de texte mais d’une très grande puissance narrative.

Chaque spectacle de cette compagnie genevoise peut être considéré comme une étape, chaque nouvelle création s’inscrit dans un processus de recherche en mouvement perpétuel, pour élaborer un langage scénique particulier, parsemé de personnages parfois improbables mais au fond si proches de nous, laissant place aussi à l’humour et à la dérision.

Ces histoires sont parfois banales, souvent équivoques, l’Esquisse les rend spéciales ; ici on souligne un détail, là on met en lumière un moment, un sourire. Le petit devient énorme, le banal un événement et ainsi la poésie s’infiltre partout.

L’Esquisse existe depuis 1984, elle est pourtant assez discrète, presque en marge du théâtre indépendant genevois, bien qu’elle ait beaucoup travaillé et montré ses spectacles en Suisse et en France.
L’Esquisse crée à un rythme différent, travaille sur des temps longs, loin des standards de la surproductivité et dessine ainsi, mine de rien, un parcours un peu atypique et très humain. Leur démarche constante et forte, avec toute la fragilité qu’une telle manière de faire charrie avec elle, nous a touchées. Il fallait leur faire une place au Grütli, leur dédier un moment privilégié, dans un lieu comme celui-ci qui se veut ouvert aux pratiques singulières, aux formes originales d’aborder la scène.

Les fileuses, la porte et le messager, présenté ici pour trois soirées, tente de s’aventurer dans les plis du temps, dans les arabesques parfois déconcertantes de ses figures, entre éternel retour et fugacité insaisissable, parsemées de coïncidences hasardeuses ou attendues, de personnages qui construisent inlassablement et chacun à leur manière ce flux perpétuel. Vers le futur, vers l’inconnu, vers une nouvelle donne ?

Une esquisse, c’est un dessin qui trace son chemin, ouvre une voie, cherche et se perd, revient sans cesse. C’est ce qui est caché derrière le croquis, la peinture, l’oeuvre réalisée et terminée. Sans esquisse, sans recherche, sans détermination à trouver le bon trait, aucune oeuvre ne verrait le jour. C’est l’indispensable en somme.

Barbara Giongo
www.theatredelesquisse.ch