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Libres et concernées

Nouvelle politique tarifaire

La culture est un champ où toutes les expérimentations sont possibles, les nouvelles formes de penser l’art s’y déploient, les artistes inventent sans cesse leurs pratiques et leur travail.

À l’image de beaucoup d’autres lieux en Europe et en Suisse, le Grütli adopte cette saison une nouvelle politique tarifaire. Pour mieux saisir les enjeux de ce choix, il nous importe de vous livrer ici quelques éléments d’explication.

En premier lieu, il s’agit pour nous de penser en termes de solidarité. Suite à la crise qui nous a toutes frappées au printemps dernier, nous voulons penser à toutes celles qui se retrouvent dans des situations économiques fragiles, des situations pour la plupart qui dureront certainement longtemps. Pour le milieu de l’art vivant, s’ajoute l’inconnue de la fréquentation des salles de spectacles ; combien de personnes autorisées dans un même espace, combien de mètres entre chaque siège, avec ou sans masque et gel hydroalcoolique, buvettes des théâtres fermées ? Les ambiances si agréables de l’après-spectacle, les rencontres public-artistes informelles autour d’un verre, tout ceci devra peut-être (momentanément ?) être abandonné.

Pendant les premiers temps du confinement, l’art s’est épanché sur les réseaux sociaux et internet, jamais il nous a semblé que la culture au sens large manquait tellement aux citoyennes. Comment revenir après ça, comment retrouver la confiance et l’envie de partager une expérience artistique sensible et commune ?

Ce sont une partie des questions qui nous ont occupées ces derniers temps, à l’heure de repenser notre politique tarifaire ; depuis 2 saisons, les prix pratiqués au Grütli étaient relativement bas, mais nous voulons profiter de ce moment si particulier pour proposer quelque chose de plus radical encore.

La gratuité totale a été d’abord notre première idée. Imaginez : vous passez devant un théâtre et l’envie vous prend d’y entrer, il reste de la place, c’est gratuit, quelle aubaine !

Nouveaux tarifs


Entrer dans un théâtre comme on entre dans un musée ou une galerie d’art, se laisser porter par la curiosité, sans barrière économique. Une utopie, direz-vous ? Peut-être, mais dans la culture subventionnée, cela pourrait (devrait ?) un jour devenir une réalité.

Nos réflexions poursuivent leur chemin et reviennent toujours vers la solidarité… Qui est le public ? Une masse indéfinie et uniforme ? Nous l’avons expérimenté depuis 2 ans maintenant, il est aussi différent que divers, en âges, en genres, en goûts. Il est aussi volatile parfois, il part, mais revient souvent, il nous est infidèle pour mieux nous apprécier ensuite. Alors, ne pouvant vraiment vous saisir dans toutes vos complexités, que diriez-vous de payer ce que vous pouvez, voulez, désirez donner pour venir au spectacle ? Comme ça, sans jugements ni catégories. Vous choisissez le tarif qui vous est le plus adapté, de 0 à 100 francs, selon votre moment de vie, la situation particulière. Et cette fameuse solidarité tant appelée de nos voeux se met en place d’elle-même, l’air de rien, l’une payant pour l’autre, quelqu’un versant quand même malgré une fragilité économique, une autre se découvrant mécène d’un soir, une mécène à sa mesure.

La solidarité a plusieurs facettes, entre les spectatrices certes, mais aussi avec le Grütli pour nous soutenir dans ce projet de tarifs au choix, avec les artistes bien entendu qui joueront devant un public si ce n’est conscient, du moins plus impliqué dès son arrivée…
Ainsi, des collectivités publiques aux spectatrices, tout au long de cette chaîne qui permet l’effort partagé entre toutes, se met en place une prise de position non seulement artistique mais aussi économique et nous rend conscientes de la valeur de l’art.

Pour mieux éclairer cette notion de valeur de l’art, voici un texte écrit par le Nouveau Théâtre du 8e* à Lyon qui pratique lui aussi le prix conseillé depuis plusieurs années :

L’accès à notre théâtre est pour tous et pour chacun. Et les biens immatériels qu’il permet d’aborder sont, selon nous proprement inestimables : soit leur valeur dépasse tout ce qu’on pourrait estimer, soit on ne peut leur donner de valeur marchande, car les oeuvres créées par les artistes sont destinées à appartenir à tous et à chacun, comme l’air, la terre et le soleil…

Ces quelques lignes, que nous leur empruntons (merci à elles !) résument mieux que mille explications ce que nous avons décidé de mettre en place.

Car jamais un prix pratiqué par un lieu ne couvre le coût d’une oeuvre d’art, les recettes de billetterie représentent pour le Grütli moins de 5% de notre budget global, mais ce petit pourcentage nous permet soit d’aider une compagnie en difficulté, soit d’investir dans du matériel, soit encore de proposer d’autres activités autour des spectacles et bien entendu de payer les gens qui travaillent, pour des lectures, des images, des conférences et offrir un plus grand choix de soirées culturelles. Nous reviendrons tout au long de cette saison sur ce sujet passionnant, nous en ferons débat, discussion, avec vous et d’autres actrices culturelles, pour mieux en saisir les enjeux, pour expliquer comment se construit une production théâtrale, comment les travailleuses de l’art doivent inventer (et réinventer à chaque nouveau projet) leur réalité économique.

À l’image des artistes qui peuplent le Grütli, nous essayons et expérimentons toujours. Et elles nous ont bien inspirées… Espérons qu’elles vous inspireront également au moment de prendre votre place les soirs de représentation : que vous vous sentiez libres et concernées. Comme jamais.

Barbara Giongo & Nataly Sugnaux Hernandez

*www.nth8.com