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Poésie du mouvement suspendu / Poesía del movimiento suspendido

Esperanza López

Ces deux artistes-là nous auraient bien fait rire en ces temps étranges. Dans ¿Hay alguien ahí?, Esperanza López & Txubio Fernández de Jauregui s’intéressent aux choses qui nous habitent, aux questions que l’on survole, à l’usure des mots et de l’action. À défaut de les accueillir et en espérant que ce ne soit que partie remise, voici un texte d’Esperanza López, en français et en espagnol.

Pour femme mûre (plus près des 50 que des 45 ans) avec un manteau rouge, jambes nues et chaussures de sport. Elle porte un ballon bleu qui flotte. Elle marche comme sur les nuages.


Ce que vous voyez ici,
c’est ce que vous voyez :
Rien
Rien de plus de ce qu’il semble
À quoi je ressemble ?
Un amalgame de cellules,
de fibres et de tissu adipeux,
le tout recouvert par des
vêtements de chez Zara
Peu de pigments dans la peau,
les cheveux teints et des ongles
Opérée de myopie
J’espère trouver un soulagement
Je me dis…
Et je ne sais pas
par où commencer
Faire de la nécessité vertu.
Par exemple.


Je porte la pluie sur
mes chaussures
Écrans de fumée dans la tête
La mousse sur la pierre
C’est normal
C’est le nord
Le nord ?
Marcher par le nord de la vie
Promener le triste corps
Un corps de mousse
et de mélancolie


Facilement et du coin de l’oeil
Je passe sur la pointe des pieds
Je ne veux pas déranger
Je ne fume même pas
Au cas où un non-fumeur
soit dérangé
Je suis comme ça
On le disait déjà à la maison :
Laissez-la, elle est comme ça !


Le doute
Toujours le doute
Ne sachant pas comment être
Ne sachant ni comment
ni quoi faire
Je pense que je suis autre
chose mais je ne sais pas
Je dis toujours je m’en fous
mais je me retrouve
avec un mal de ventre
Traverser la vie en se croyant
métaphysique
Dire des choses et sembler
intéressante
En espérant au moins
de n’ennuyer personne

J’avais une amie que nous
appelions « l’abstraite »
Nous ne savions jamais
exactement de quoi
elle parlait
Nous avons beaucoup
rit surtout pendant les soirées
Passer d’une chose à l’autre
sur la pointe des pieds
Je l’ai déjà dit : je ne veux
pas déranger


Maintenant la poésie.
C’est la mienne :
Parfois je te regarde
et je ne te vois pas
C’est peut-être parce
que tu n’es pas
Ou que la concentration dans
le regard dépend du degré
d’inflexion de la lumière.
Va savoir
J’invente une histoire d’idiots
— une autre —
Et encore une autre
et une autre
Cela ne finit jamais,
la succession interminable
d’histoires d’idiots.
Je suis une idiote,
mon image est idiote
et j’ai un trou
dans l’estomac.
Le vide.
Tes tapas de tortilla
me manquent au milieu
de la matinée.
Le vide.
Je ressens le vide comme
une sphère inoccupée
d’Oteiza.
Rien à l’intérieur.
Je suis aussi une oeuvre d’art
mais dévalorisée par la mode :
trop dense pour être vide,
trop vivante pour passer
à la postérité.
Quelle idiote.


Et maintenant : silence

Para mujer madura (más cerca de los 50 que de los 45 años) con abrigo rojo, piernas desnudas y zapatillas de deporte. Lleva un globo azul flotando. Anda como en suspensión, como en las nubes.


Esto que veis aquí es
lo que veis
Nada
Nada más que lo que parece
¿qué parezco?
Una amalgama de células,
de tejidos fibrosos y adiposos,
todo cubierto por ropa de Zara
Poco pigmento en la piel,
pelo teñido y uñas
Operada de miopía.
A ver si encuentro un alivio
Me digo…
Y no sé por dónde empezar
Hacer de la necesidad virtud.
Por ejemplo.


Llevo lluvia en los zapatos
Cortinas de humo en la cabeza
El musguito en la piedra
Es normal
Es el norte
¿el norte?
Andar por el norte de la vida
Pasear el triste cuerpo
Un cuerpo de musgo
y melancolía


Fácilmente y de reojo
Paso de puntillas
No quiero molestar
Ni siquiera fumo
Por si algún pasivo le molesta
Yo soy así
Decían en mi casa:
¡Dejadla, ella es así!


La duda
Siempre la duda
No saber cómo estar
No saber cómo ni qué hacer
Creo que soy algo
más pero no sé
Siempre digo “me da igual”
pero acabo con dolor
de estómago
Ir por la vida de metafísica
Decir cosas y parecer
interesante
Esperar por lo menos
no aburrir a nadie


Tenía una amiga que
llamábamos “la abstracta”
No sabíamos nunca exactamente de qué estaba
hablando
Nos reíamos mucho,
sobre todo por las noches
Pasar de una cosa a otra
de puntillas
Ya lo dije: no quiero molestar

Ahora la poesía. Es mía:
A veces te miro y no te veo
Será que no estás
O que la concentración en
la mirada depende del grado
de inflexión de la luz.
Vete tú a saber
Invento una historia
de idiotas – otra –
Y otra más y otra
No se acaba nunca,
la interminable sucesión
de historias de idiotas.
Yo soy una idiota, mi imagen
es idiota y tengo un agujero en
el estómago.
El vacío.
Echo de menos tus pintxos
de tortilla a media mañana.
El vacío.
Siento el vacío como una
esfera desocupada de Oteiza.
Nada por dentro.
Soy también una obra de arte
pero devaluada por la moda:
demasiado densa para estar
vacía, demasiado viva
para pasar a la posteridad.
Qué idiota.


Y ahora: silencio

Photo du spectacle ¿ Hay alguién ahí ?
Esperanza López & Txubio Fernández de Jauregui