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Reprendre son souffle après l’apnée – un pas de côté

Faire un pas de côté avec une personne proche du théâtre que nous invitons à écrire sur un sujet de son choix. Changer d’angle, élargir le champ ! Pour ce numéro, carte blanche à Alice Laguava, ambassadrice pour le Grütli.


Il y a quelques années, le merveilleux Vincent Devie (actuel co-directeur technique du Grütli), connaissant ma fidélité hors pair pour les salles de spectacle où sa magie opère, me propose de rejoindre un petit groupe d’« ambassadrices » du Grütli, pour ma plus grande joie ! Mis en place au même moment que le système de tarifs à choix, le but est de rendre la programmation la plus accessible possible et élargir le spectre de ses publics. Les ambassadrices, souvent externes au milieu du théâtre, voire même issues d’horizons totalement différents, suivent la programmation, en parlent à leur entourage, peuvent convier des personnes de leur choix aux pièces, qui à leur tour en parlent autour d’elles. Un joli cercle vertueux !

Pour cause de déménagement hors de Genève et de maternité imminente, je me suis résolue à faire une pause du rôle d’ambassadrice il y a environ un an, et quand Laura de la rédaction me propose récemment d’écrire un article pour une chronique dans ce TRIM ! je suis touchée, mais un peu étonnée. En effet, n’ayant quasi pas remis les pieds au Grütli depuis, je ne crois pas être la candidate idéale pour parler de la programmation de cette dernière saison !
Pourtant, en lisant l’intitulé de la chronique en question, Un pas de côté, je suis interpellée, ça me fait vraiment penser à mon rapport avec les sorties culturelles depuis la naissance de mon fils de 9 mois.

« C’est très libre » m’écrit-elle, « tu peux parler de ton rapport au Grütli, aux arts vivants en général, ce qui te touche »… Je prends un moment, laisse résonner ses mots… et réalise que je n’y avais pas pensé, ne l’avais pas explicitement conscientisé, mais la tornade de ma nouvelle vie de « jeune » maman, m’a fait oublier mes propres besoins au point de littéralement zapper les sorties au théâtre, alors qu’elles étaient absolument vitales pour moi pourtant, il y a si peu de temps. Comme si j’avais oublié de respirer.

Je décide d’accepter la proposition, et commence par me remémorer avec joie, délectation et grande émotion, les expériences vécues au Grütli ou dans d’autres espaces culturels et festivals d’arts vivants romands qui me tiennent à cœur. En procédant à ce petit brainstorming, plein de questions me reviennent, qui étaient entre autres apparues lors de discussions avec les personnes que j’avais emmenées voir des spectacles au Grütli en tant qu’ambassadrice :

Qu’est-ce qui nous amène au théâtre ?
Comment choisit-on d’aller voir un spectacle ?
Qu’est-ce qu’on cherche ?
Qu’est-ce qu’on en attend ?
Qu’est-ce qui nous touche ?
Qu’est-ce qui nous plaît, nous déplaît ?
Finalement est-ce vraiment pertinent dans l’appréciation de l’expérience?
Et de l’autre côté du rideau, qu’est-ce qui anime les personnes qui créent via ce medium ?
Pour qui créent-elles ?
Y-a-t-il toujours un public cible ?
Est-on bon public ? Le bon public ?
Est-on toujours à l’aise, à sa place, légitime d’aller voir tel ou tel spectacle ?

Comment est-ce qu’on se sent pendant, et après ?
Est-ce facile d’échanger et partager autour de l’expérience, avec nos amies, avec d’autres personnes du public, ou même avec les artistes lorsque cela est possible?
Le reste du public, a-t-il une influence sur l’expérience?
Est-ce important de percevoir tout le travail derrière chaque pièce?
Parvient-on à être plongée dans l’univers d’un spectacle, et apprécier la déconnexion avec le reste de notre vie, le temps de la représentation?


Certaines de ces questions avaient fait naître de longs débats, d’autres engendraient de nouveaux questionnements. En fait, je ne sais pas s’il est nécessaire d’y trouver des réponses. Ce que j’ai adoré, c’est découvrir la variété des idées, des parcours de publics, de ressentis et points de vue échangés selon les personnes qui m’accompagnaient. Restituer tout ici serait un peu trop long et ardu, mais je souhaite volontiers partager un aspect sur lequel nous étions nombreuses à nous accorder : le plaisir de pouvoir faire confiance à une programmation, pour ressentir, d’un spectacle à l’autre, l’enrichissante sensation d’être plongées dans un univers différent, inattendu, sorti tout droit de l’esprit d’artistes qui nous font rêver, qui font resurgir des sentiments enfouis, nous transmettent leurs messages et moult émotions, qui militent ouvertement et nous donne du grain à moudre. Chaque pièce est juste. Chaque expérience bonne à prendre. Qu’elle nous « plaise » ou non, elle élargit nos horizons.

Merci à la formidable équipe du Grütli de tout mettre en œuvre pour nous offrir ce merveilleux poumon de culture, et merci à Laura d’avoir suscité en moi la reconnexion avec cette respiration. Je reprendrai avec plaisir la casquette d’ambassadrice et me réjouis de vous retrouver à la rentrée !

Alice Laguava