Mer plastique

Pour rester connectées à la question des rapports que nous entretenons, qu’en est-il de ceux que nous avons avec la Terre et avec ces matières que nous produisons et que nous lui déversons ? Dans son Mali natal, Tidiani N’Diaye, vacille sous la montagne de déchets qui redessine le paysage urbain, les rivières de plastique qui se déversent dans les rues. Il a senti les vapeurs malsaines des rebuts incinérés. Il connaît par corps l’omniprésence du plastique ; il sait sa dangerosité, mais aussi sa paradoxale beauté. Partout, nous cohabitons avec la matière plastique. Sous nos yeux, sous nos doigts. Mais aussi dans nos mers, nos sols, notre air, notre alimentation. Dans nos corps, même. Le plastique est devenu la matière universelle, celle qui a tout colonisé. C’est la texture de notre époque, le grain de nos vies. Le monde est plastique. Nous sommes plastiques. Tidiani n’ignore rien de cet envahissement, à la fois massif et sournois. Sans émettre de jugement, il s’agit pour lui de montrer ce que cette matière provoque en et sur nous et la relation qui nous lie à elle. Une danse du plastique sublimée par cinq interprètes comme une révélation de notre monde.