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Nous voulonsla lune

L’une est danseuse, l’autre musicien, ensemble elles créent des spectacles depuis 2014. Déjeuner de soleil, Sismes, Tropique, Nous voulons la lune, Mille lieues…
Non ce ne sont pas des formules magiques de sorcières (quoique !) mais les titres des pièces créées par Marion Baeriswyl et D.C.P (David Pita Castro à la ville) depuis le début de leur collaboration.
Ces pièces se renvoient les unes aux autres, elles s’emboîtent au fil de leurs recherches. De nombreuses lectures, des réflexions, et aussi tout un temps de sédimentation permettent à Marion et David de mener leur travail de création à la manière d’un rhizome.
Une pousse démarre en parallèle du projet du moment et fera sans doute surface pour la création suivante. Basé sur une collaboration très intuitive et à la fois très intellectuelle, le travail que mènent ces deux-là mérite toute notre attention. Car l’attention est une de leur thématique justement, comment être attentives au présent, comment se rendre attentives
au monde qui nous entoure et refaire lien avec lui. De très près liée aux questions de l’attention, il y a la lenteur. Marion et David en ont fait leur moteur.
Le terreau de leurs réflexions, ce sont les livres. Tout part de ces lectures qu’elles se passent, posent et reprennent. De l’écophilosophie, de l’écologie politique, de la géographie, des livres de bio-acousticiens. Cela nourrit leur travail artistique mais aussi des manières de faire, pour être en accord sur le fond et sur la forme.
Chaque spectacle a sa bibliographie, mais on pourrait observer aisément les rhizomes ici encore : un livre lu il y a quatre ans par Marion arrive entre les mains de David, par un autre chemin.
Les thèmes se recoupent, les autrices se croisent dans leurs sacs à dos, les idées fourmillent, finissent par s’installer dans les mouvements, dans la texture des sons.
Au coeur de la démarche de ce duo d’artistes, il y a aussi leur recherche d’autres récits. Le narratif de conquête qu’on croise dans les récits mythologiques occidentaux ont fait leur temps, Marion et David se tournent alors vers le monde naturel et s’inspirent de sa capacité à co-habiter, co-évoluer, co-exister. Et dans la danse, il y a pas mal de bases à questionner : se porter, se tirer, se tenir, travailler sur les tensions.
Dans Nous voulons la lune, l’accent a été mis sur les interactions et l’interdépendance entre les trois danseuses. Elles n’ont pas de but commun, elles utilisent les possibilités qui se présentent entre elles, saisissent les opportunités mais sans jamais s’entraider ou se soutenir. La matière chorégraphique a été écrite très précisément et selon le corps de chacune des trois danseuses : d’après leurs proportions, leur tonus, la forme de leurs articulations.
Pareil pour les costumes, ils sont coupés pour chaque danseuse en fonction des mouvements qu’elles vont faire, pour mettre en valeur chaque geste.
Tous les aspects de la pièce, musique, lumière, scénographie, costumes font partie intégrante du « milieu » proposé au public lorsqu’il entre dans la salle. Tous ces éléments sont interdépendants eux aussi, pour proposer une expérience sensible.
Pendant l’heure de spectacle qui est proposée dans Nous voulons la lune, le public est emmené dans un monde parallèle où on lui fait oublier le temps. La musique jouée en live soutient la danse sans lui imposer quoi que ce soit, la lumière fait son propre voyage, la scénographie tire un trait entre le sol et le ciel.
Ici aussi, un écosystème dans lequel s’installer. Il fallait que ce soit comme ça, c’est le thème de la pièce. Bien que chargées de toutes ces idées et concepts, Marion et David frappent par leur douceur et leur générosité. Tout cela, c’est notre cuisine interne, on propose de la musique et de la danse, pas des idées. Ou encore : L’important c’est le chemin du mouvement dans le corps qui amène la danseuse à lever le bras, et non pas son intention de lever le bras. Il s’agit de donner à voir du détail, du sensitif, qui peut apporter de l’imaginaire ou juste du contemplatif.
Entrons dans le temps suspendu auquel nous invitent Marion Baeriswyl et D.C.P, et ensemble, réclamons la lune !